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Tritt Etienne
28 décembre 2015

Les photos...

Les photos sont les silencieux partenaires placides de ma mémoire.

Certes, elles peuvent me mentir sans autre forme de procès, sans aucun état d'âmes. Mais je peux, si je le veux, leur faire dire uniquement ce qui me plaît. Ce qui m'arrange, me renforce dans l'idée que j'ai gardée de l'instant figé par une main disponible. Un œil bienveillant.

Je peux taire les mensonges. Pouvoir maléfique. Il ne reste plus qu'à transformer ce qui se passe autour des héros figés sur le papier. Mutiler les dialogues puisque que je ne peux que voir les corps, les sourires et, au cœur du cadre blanc, la scène et le décor livrés à mes suppositions.

Les bouches sont ouvertes, transportant l'évanescence des bavardages transparents. Les mots sont en transhumance. L'été est fini et c'est à regret qu'il me faut m'abandonner à l'idée du retour à la bergerie. Me coucher dans la paille où mon histoire m'a enfermé.

Moi, dans ma tête, j'ai des photos qui n'existent nulle part. Je m'en suis fabriqué quelques-unes. Chaque nuit je les regarde. Chaque matin elles m’habillent. Je les porte le jour durant. Elles ne changent rien au naufrage de mon enfance. Elles ne transforment pas ma fuite en départ. Ma vie désarticulée est l'enfant naturel de ta mort Maman, comme une évidence. En me fabricant des photos jamais entrevues, j'essaie de trouver celles que tu n'as pas eu le temps d’emporter avec toi.

Les photos qui jalonnent l'album que je tente de comprendre, même avec leur beau papier brillant, sont des images profondément tristes, indifférentes aux battements de mon cœur. Elles s'obstinent à ne rien m'expliquer.

 

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