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Tritt Etienne
14 mars 2016

La petite maison

C'est dans le cœur de notre maison, derrière ses volets en bois, que j'ai délaissé mes doux moments d’enfance.

Ils viennent à présent, heurter la fenêtre de ma mémoire. Il me faut l’ouvrir. Il me faut jeter un œil dehors, dans le jardin. Ce matin, ce sont les plus jolis qui me sourient avec un petit salut jovial, un clin d’œil accroché à une cagoule en laine, multicolore, tricotée par toi Maman.

De grandes aiguilles, celles du temps égaré, au bout de tes mains.

Photos usées, rêves sépia. Bruits feutrés, rires estompés.

Nous. Trois frères, un même regard, une même envie, un même avenir.

Puis le temps nous bouscule, nous roule dans le sable pour mieux nous séparer et fracasser notre innocence.

La petite maison

 

Depuis, un long vide. Un long silence. J’ai laissé grandir en moi la faiblesse de l’oubli. Hier n’était pas mien. Avant, il n’y avait rien. J'ai construit mon refuge dans la négation en renonçant à cette poche d’Amour. J’ai renié ses souvenirs là. Ils se sont dilués, délavés, avec la force du temps qui gomme ce qui nous pèse. J’ai mis de côté nos pleurs, nos gros chagrins, nos malheurs. J’ai négligé les sourires, la complicité qui les faisait rire. Dégoutés, ils ne sont pas revenus. Je vivais autre chose. Difficilement, des heures floues que de rares clichés ravivent ont survécu. Ces heures, collées dans des remous interdits, me sont étrangères. Ai-je vécu auparavant ? Quelle est cette magie peinte, feinte, rayonnante ? Tout s’est tu au fond de mon cœur. J’y ai laissé s’endormir ma fraîche insouciance.

Mon enfance auraient porté des larmes ?

A cette époque, je ne sais plus si mes yeux sont fermés, si mes yeux sont ouverts… alors des larmes… Mais je subodorais déjà le funeste stratagème de la vie qui allait tout me voler.

 

Il y a toujours en moi une foultitude d’exquis petits moments que rien ne fera jamais mûrir, surtout pas mon âge :

La maison, ses volets en bois, notre chambre, ses lumières...

Le soir et cette heure chaude pour trouver le sommeil.

Le regard de Maman, le regard de Papa… dans notre maison aux volets en bois…

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